top of page

"Les traducteurs" : l’inimaginable dénouement

Photo du rédacteur: Nouvel AngleNouvel Angle

Capture d'écran bande-annonce / Allociné


Impossible de ne pas reconnaître l’esprit Agatha Christie dans cette intrigue captivante. Sans surprise, Régis Roinsard lui fait un clin d’œil à la fin du film. Le réalisateur s’est inspiré de la célèbre romancière britannique, pour produire un scénario français digne d’un génie.


Les Traducteurs met en scène une enquête de piratage. Neuf individus, à la nationalité et personnalité différentes sont embauchés pour traduire le troisième tome du célèbre best-seller « L’homme qui ne voulait pas mourir » d’Oscar Brach. L’éditeur Éric Angstrom les laisse enfermés dans une luxueuse demeure pendant plusieurs semaines, exclusivement réservées à la traduction des pages du roman. Démunis de tout objet électronique et de contact extérieur, les personnages sont surveillés de manière quasi dictatoriale, et le manuscrit ne doit pas sortir des lieux. Pourtant, les 10 premières pages paraissent sur Internet. Qui et comment ? Les menaces se multiplient.


Crédit photo : OSC


Scénario presque classique, semblable aux Dix petits nègres ou au Crime de l’Orient Express, auquel le numérique s’incruste. Les éléments repris de grands films s'invitent au scénario. Le gilet par balles, le suicide, le personnage égocentrique... Du déjà-vue, mais efficacement insérés au sujet pour une fin inattendue. Cependant, les péripéties ne comptent au contraire aucun interrogatoire, juste des citations de livre, des rebondissements spectaculaires dans trois espaces-temps différents et un montage extrêmement soigné. Son alternance nous apporte mille et une question dès le début du film. Pas une simple déduction esthétique mais Régis Roinsard nous annonce l'enchaînement du long métrage : des interrogations et les révélations se suivent avec logique, jusqu’à sa fin. Pas un seul geste, pas une seule phrase ne sont laissés au hasard. Les dialogues et les détails matériels ne meublent pas, ils se devinent.


Les séquences jouent également sur la multitude de plans fixes qui apportent l’essentiel de l’action. Là non plus ce n'est pas une question d’esthétique, mais une invitation à l’observation. Sommes-nous réellement capables de comprendre ce qui se montre à nous ? Dans la maison d’arrêt, moment postérieur aux faits, il est trop tôt pour une quelconque révélation. Nous sommes face au visage énervé d’Éric Angstrom :« Mais parle non de Dieu ! ».

Brillante figure autoritaire de Lambert Wilson, le personnage parle, raconte mais ne reçoit pas de réponse immédiate. La scène nous interroge sur l’identité de son interlocuteur, qui n’est qu’autre que le ou la responsable de la fuite du best-seller. Pourtant, nous comprenons plus tard que ce n’est pas la bonne question. La situation cache autre chose. L’enchaînement dévoile des vérités troublantes, produisant un suspense insoutenable. Tout ça, avec beaucoup d’esthétisme. Le corps de l’élégante Katrina Anasinova (interprétée par Olga Kurylenko), étendue dans l’eau tel un ange jusqu’aux profondeurs, apporte une source de luminosité et un certain art de la mise en scène. L’éclairage joue là aussi un rôle essentiel, tant pour les personnages que notre curiosité surexcitée.


Capture d'écran bande-annonce / Allociné


Qui a désobéi à la loi ? La Portugaise rebelle ? La sensible Russe ? L’Italien prétentieux ou encore Alex Goodman (Alex Lawther) le jeune Britannique surdoué ? L’intrigue ne dévoile pas d’indice sur la réponse du « Qui ? » . Elle semble même trop facile. La solution du « Comment » est, quant à elle, surprenante.


Régis Roinsard a emprunté des éléments déjà vus pour produire une enquête digne de l’air du temps, toujours avec ce sympathique mystère traditionnel dont on ne peut se lasser.



Baby the Boss

Comments


bottom of page